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L'indépendance en route

10/10/074  - Courrier international

KOSOVO •  Un Dayton pour débloquer la situation ?

Le représentant européen dans les négociations sur l'avenir de la province serbe a lancé l'idée d'une conférence internationale pour aboutir à une solution. A Pristina comme à Belgrade, l'accueil est plutôt réservé.
Wolfgang Ischinger
AFP
Une conférence internationale pour le Kosovo, analogue à celle de Dayton, pourrait se tenir en Europe avant la fin de l'année afin de reconnaître le nouvel Etat kosovar. La proposition a été avancée le week-end dernier par Wolfgang Ischinger, le négociateur de l'Union européenne au sein de la troïka qui rassemble l'Europe, les Etats-Unis et la Russie dans les pourparlers sur le statut du Kosovo, dans une interview au quotidien serbe Vecernje Novosti. Organisée sur une base militaire de l'Ohio en novembre 1995, la conférence de Dayton avait permis de mettre fin à la guerre en Bosnie.

Cette interview a bien sûr été largement reprise par la presse kosovare et albanaise. Selon le quotidien Koha Ditore, la prochaine étape du processus de négociations prendra la forme d'entrevues directes entre Serbes et Albanais, et une conférence de quelques jours se profile, fin novembre ou début décembre. C'est-à-dire entre les élections législatives kosovares du  novembre et la fin des négociations en cours, prévue le 10 décembre. "Mais cette idée de conférence pour le Kosovo ne trouve guère de sympathisants chez les leaders kosovars, constate Koha Jone. Selon le porte-parole du groupe de l'Unité nationale, Skender Hyseni, le Kosovo est un cas unique. Aucun parallèle ne peut être établi entre le Kosovo et la Bosnie, car ce sont deux cas de figures différents." "Pour le Parti démocratique du Kosovo, de Hashim Thaçi, un rapprochement entre Belgrade et Pristina ne peut avoir lieu étant donné la situation, et des accords comme ceux de Dayton en ce qui concerne la logique intégrante ne sont pas acceptables pour le Kosovo, poursuit le quotidien. Une telle conférence ne contribuera guère au processus de négociations."

Dans le quotidien Express, le leader du parti ORA, Veton Surroi, rejette l'idée selon laquelle une conférence à la Dayton pourrait être une solution viable pour le Kosovo. Il appelle les Kosovars à se préparer à l'indépendance avant la fin de l'année, car selon lui un consensus international ne sera pas possible, poursuit le quotidien. Un avis partagé par l'architecte de la conférence de Dayton, Richard Holbrooke. "Ce modèle ne peut pas s'appliquer au Kosovo… Je ne pense pas que les Serbes aient une solution à offrir à Pristina, je pense que les Kosovars doivent proclamer l'indépendance unilatéralement", assure-t-il dans Express.

A Belgrade, la proposition de Wolfgang Ischinger a également reçu un accueil mitigé. "Nouveau Dayton ou nouveau Rambouillet ?" s'interroge ainsi en titre Vecernje Novosti en faisant référence à la conférence qui a précédé la guerre au Kosovo en 1999, exprimant la crainte qu'une nouvelle conférence ne serve qu'à approuver ce qui a été déjà décidé, à savoir la reconnaissance de l'indépendance de la province serbe. Dans le même quotidien, le ministre serbe chargé du Kosovo, Slobodan Samardzic, estime peu probable la tenue d'une telle conférence, car "elle déplacerait les négociations hors du cadre des Nations unies". Samardzic souligne que la Serbie n'acceptera aucune solution sur le statut du Kosovo qui contournerait les Nations unies.

Dans Politika, le président serbe Boris Tadic, ne refuse pas l'idée d'une conférence analogue à celle de Dayton, "à condition qu'elle soit chapeautée par les Nations unies". De son côté, l'ancien ministre des Affaires étrangères Goran Svilanovic estime que "la proposition d'Ischinger aura du mal à obtenir l'approbation de la Russie" et trouve significatif que "l'on insiste désormais à New York sur le fait que toute solution au problème du statut du Kosovo doive tenir compte de la nature spéciale des relations entre la Serbie et le Kosovo, en particulier leur dimension historique, économique et culturelle".

Dans une interview accordée à l'hebdomadaire croate Jutarnji List, Wolfgang Ischinger abonde dans le même sens : "Nous essayons de créer dans cette région une situation qui permettra aux peuples voisins de vivre ensemble, peu importe les frontières. Lorsque le Kosovo insiste sur son indépendance, nous rappelons à ses dirigeants qu'il ne devra pas se comporter comme s'il était une île isolée du Pacifique, mais que, s'il veut avancer, il ne devra pas seulement entretenir de bonnes relations avec la Serbie, mais aussi avec les autres pays voisins. Les relations de bon voisinage peuvent exister entre deux Etats souverains ou dotés d'un autre statut. Il peut y avoir beaucoup de zone grise entre les deux solutions [soit le Kosovo reste serbe, soit il devient indépendant]."
Kika Curovic et Ilda Mara

15/10/07

Toujours pas d'accord sur le statut du Kosovo

EUROPE dim 14 oct

Serbes et Kosovars sont restés sur des positions inconciliables sur le statut du Kosovo dimanche à Bruxelles, devant la troïka de médiateurs russe, américain et européen qui ne désespère pourtant pas de rapprocher leurs positions avant la date butoir du 10 décembre.

La délégation d'Albanais du Kosovo -emmenée par le président kosovar Fatmir Sedjiu et le Premier ministre Agim Ceku- et les ministres serbes Vuk Jeremic et Slobodan Samardzic, chargés respectivement des Affaires étrangères et du Kosovo, se sont exposé leurs positions respectives pendant quatre heures à Bruxelles, devant la troïka.

"Belgrade a décrit plus avant sa proposition d'autonomie pour le Kosovo au sein de la Serbie. Pristina a détaillé sa proposition d'amitié et de coopération entre deux Etats indépendants", ont résumé dans un communiqué les médiateurs, qui supervisent depuis août ces négociations de la dernière chance.

"Evidemment la partie kosovare a rejeté entièrement" le plan serbe, a indiqué après la réunion M. Sedjiu.

"La population kosovare a souffert assez longtemps, attendu assez longtemps : mon principal souci en tant que Premier ministre est d'accélérer pour que nous puissions conclure le processus peu après le 10 décembre", a ajouté M. Ceku.

Vuk Jeremic a lui accusé les Kosovars de "ne faire qu'attendre le 10 décembre", une date-butoir "artificielle".

Les deux délégations ont convenu de se revoir lundi 22 octobre à Vienne.

L'absence d'avancée n'a surpris personne. Wolfgang Ischinger, l'Européen de la troïka, avait reconnu ne s'attendre à aucun accord.

La troïka a néanmoins assuré dimanche soir qu'elle "s'activerait pour aider les parties à arriver à un accord" avant le 10 décembre, après quoi elle devra faire son rapport au secrétaire général de l'ONU.

Ces ultimes négociations ont été lancées car l'indépendance surveillée préconisée pour le Kosovo par l'émissaire spécial de l'ONU, Martti Ahtisaari- après 14 mois de pourparlers infructueux avec Serbes et Kosovars- était rejetée par la Russie. Alliée des Serbes qui refusent toute indépendance, Moscou bloquait toute résolution à l'ONU.

Sans résolution, une indépendance de ce territoire géré par l'ONU depuis 1999, lorsque les bombardements de l'Otan obligèrent les forces serbes à cesser leurs exactions contre les Albanais du Kosovo, devient juridiquement extrêmement fragile.

D'où l'appui des Européens, très attachés à l'ONU, à cette dernière tentative.

M. Ischinger a évoqué la possibilité d'intensifier les négociations après les élections législatives au Kosovo le 17 novembre - avant lesquelles personne n'attend aucun mouvement - en organisant une séance sur 2-3 jours.

Mais vu l'improbabilité d'un compromis, "tout le monde doit commencer à se préparer" à un échec, estimait vendredi le ministre albanais des Affaires étrangères, Lulzim Basha.

Les pays européens, divisés sur une éventuelle reconnaissance de l'indépendance de ce petit territoire sans l'ONU, se demandent, sans réponse jusqu'ici, comment ils colmateront leurs divergences si les Kosovars décident de se proclamer indépendants après le 10 décembre, comme en a encore menacé la semaine dernière M. Ceku.

Les Européens sont d'autant plus soucieux de rester unis que Serbie et Kosovo ont vocation à adhérer un jour à l'UE.

M. Ischinger a d'ailleurs appelé dimanche l'UE à envoyer un signal d'encouragement à Belgrade, en supprimant les visas d'entrée pour les Serbes.

La Commission européenne avait indiqué en juin qu'elle engagerait un dialogue là-dessus avec Belgrade après le 1er janvier prochain, sans se fixer aucun objectif de calendrier.




15/10/2007
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