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EXTRAIT D'UN ENTRETIEN AVEC RADU MIHAILEANU

Êtes-vous d'accord pour dire qu'il s'agit avant tout d'un film autour du lien ombilical, du lien fondamental qui nous relie à la mère ?

Absolument. C'est un film autour de la quête désespérée de la mère, et le film aurait d'ailleurs pu s'appeler L'Enfant des mères ou La Mère Promise. Schlomo a la chance de tomber sur quatre mères exceptionnelles : la sienne, capable de dire " ce n'est pas mon fils ", pour le sauver ; la deuxième, Juive éthiopienne, qui retrouve une raison de vivre en recueillant Schlomo et en l'arrachant à la mort ; la troisième, la mère adoptive issue d'une autre culture, qui accepte de faire un pas vers Schlomo ; enfin, Sarah, l'amoureuse, qui en devenant mère à son tour finit par comprendre Schlomo et le renvoie vers sa mère originelle.

Quelles sont les raisons qui vous ont motivé à choisir une histoire d'adoption et comment avez-vous trouvé un ton aussi juste pour l'exprimer ?

Pour raconter l'histoire des Falashas, j'avais besoin d'un regard innocent et neutre qui traduise les évènements, sans prendre parti, seulement au niveau humain. Seul un regard d'enfant pouvait le permettre. Je souhaitais également montrer que l'amour peut aider à vaincre des difficultés et dépasser certaines situations. Durant les cinq années pendant lesquelles j'ai travaillé à la préparation de ce film, j'ai rencontré beaucoup d'enfants adoptés et de parents adoptifs. Grâce à leurs nombreux témoignages, j'ai pu mieux comprendre comment s'installent les échanges entre les uns et les autres, leur quête, leur cheminement. Par ailleurs, je suis père moi-même, et j'avais déjà quelques idées sur la relation parents enfants !

Y a-t-il eu beaucoup d'adoptions d'enfants Éthiopiens par des familles israéliennes suite à l'opération Moïse ?

En réalité non, car arrivés ou devenus orphelins en Israël les enfants étaient pris en charge par leur communauté, soit familiale, soit ethnique. En général, les personnes qui venaient d'un même village à l'origine habitaient le même quartier et se connaissaient toutes, et lorsqu'un enfant n'avait aucun membre de sa famille près de lui, une autre famille prenait le relais.